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Production fromagère : une solution pour traiter le petit-lait

Le poids de l’activité fromagère

Le pastoralisme revêt un enjeu territorial et économique fort en Béarn notamment par une production fromagère importante.

Le Département des Pyrénées-Atlantiques compte 1 750 éleveurs ovins lait, 490 000 brebis laitières dont 90% sont localisées en zone de montagne et haute montagne (environ 400 ateliers de fromagers fermiers).

Mais la transformation du lait en fromage n’est pas sans conséquence sur les milieux aquatiques : le rejet du lactosérum, appelé également « petit-lait », impacte la qualité et la ressource en eau en montagne.

Le lactosérum, c’est quoi ?

Qu’elle soit artisanale ou industrielle, la production de fromage génère en quantité du lactosérum. Partie liquide résiduelle issue de la coagulation du lait, il est composé à 94 % d'eau, de sucre (le lactose), de protéines et de matières grasses en quantité moindre.

Très riche en matière organique, ce résidu enrichit et déséquilibre les milieux aquatiques (eutrophisation).

Pour exemple, un troupeau de 200 brebis en estive va produire 150 litres de lait par jour et, par voie de conséquence, après transformation en 28 kg de fromage, 120 litres de lactosérum soit l’équivalent de la charge organique produite par un village de 120 habitants par jour.

Cette production fromagère engendre aussi des eaux blanches issues du lavage des salles de traite et de l’atelier fromager.

Les analyses sanitaires réalisées font apparaitre la composition particulièrement riche en matière organique du lactosérum.

Un dispositif d’assainissement écologique expérimenté

Soucieuse des conséquences sur l’environnement de ces rejets, en 2015, Adeline Cardet, chevrière sur la commune de Laruns, initie de façon volontariste, un prototype en partenariat avec les bureaux d’études David Chétrit Environnement et Lo Consult (Laurent Roquier) en partant du principe d’épuration sur un lit de compost. Elle est accompagnée par le Conseil départemental.

Intéressés par les résultats prometteurs du rendement épuratoire, le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques et le Parc national des Pyrénées s’engagent alors dans une expérimentation sur quatre sites, en montagne et en plaine (la cabane de Lurbe à Bedous en Vallée d’Aspe; la cabane de La Hosse en Vallée d’Ossau ; la chèvrerie d’Adeline Cardet ; l’exploitation du Lycée de Soeix à Oloron-Sainte-Marie).

Après deux années d’expérimentation sur le terrain (2020-2022) un dispositif d’assainissement écologique est aujourd’hui éprouvé et agréé pour le traitement du lactosérum dans les cabanes d’estive et dans les exploitations agricoles.

Une expérience née en 2015

 

C’est en 2015, sous l’action volontariste d’Adeline Cardet éleveuse de chèvres à Laruns que le projet nait. David Chétrit et Laurent Roquier, consultants, lui proposent de concevoir et d’installer un prototype sur le principe déjà éprouvé en Savoie de la culture fixée : dispositif novateur et prometteur avec un rendement épuratoire performant.

Le Département des Pyrénées-Atlantiques soutient et finance cette installation innovante à hauteur de 50%.

En 2016, le Parc national des Pyrénées devient partenaire de l’expérimentation avec le souhait de réaliser un programme expérimental plaine-estive : deux cabanes en estive sous maîtrise d’ouvrage du Parc national des Pyrénées, deux installations en plaine. Ces installations font l’objet d’un suivi analytique porté par le Département.

En 2018-2019, des études préalables sont réalisées par les consultants.

En 2020-2021, les premiers travaux sous la maîtrise d’œuvre des consultants voient le jour ainsi que les premiers résultats d’analyse.

En 2022, validation du système comme dispositif de traitement efficace par l’Agence de l’Eau.

Le lactosérum, comment le valoriser

Il peut être utilisé pour l’alimentation animale (cochons, vaches…), peut être transformé en greuil, ou destiné à la méthanisation. Ou encore dans l’industrie agroalimentaire.

Pour autant demeurent des difficultés, en matière de rejet direct dans le milieu (en estive/ site isolé) ou dans le réseau (exploitation de plaine/fond de vallée).

Chèvrerie Cardet, une expérimentation en deux temps

Adeline Cardet a été à l’initiative de ce projet et a porté la maîtrise d’ouvrage sur sa chèvrerie avec des travaux réalisés en 2015 puis à l’hiver 2021-2022.

Depuis l’atelier de fabrication, le lactosérum est évacué jusqu’à un bac dégraisseur où la matière susceptible de se colmater dans les tuyaux se décante. Elle peut alors être évacuée par un regard.

Le petit-lait est alors dirigé vers un système d’épuration par biologie fixée sur un lit de compost, au sein de cylindres dimensionnés en fonction de la quantité de lactosérum à traiter.

Ce dispositif conçu par David Chétrit et Laurent Roquier, consultants en environnement, eau et assainissement, s’appuie sur la percolation du petit-lait via un lit de compost composé de broyat de bois (BRF).

Le lactosérum est diffusé par aspersion sur ce matériau pour en ressortir épuré à 90% de sa charge organique.

Une expérimentation à plus de 255 000 euros

Le financement de l’expérimentation lactosérum (qui concerne notamment les études préalables, l’accompagnement des bergers mais aussi des missions en plaine) s’élève à 255 216 euros.

L’opération à la chèvrerie Cardet s’élève à 32 214 euros.

Le Département est intervenu pour un montant global de 101 367 euros, la Région 51 586 euros, l’Agence de l’eau Adour-Garonne 29 994 euros, le Parc national des Pyrénées 33 626 euros, le Massif des Pyrénées (Etat) 18 900 euros.

Concernant l’expérimentation à la chèvrerie Cardet : le Département 22 214 euros, l’Agence de l’eau 8 994 euros et 6 664 euros d’autofinancement.